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LA TRACE

l’enfant profondément endormi, l’enveloppa dans un châle et l’abrita dans son sein. L’homme était couché sur le dos, la face tournée vers le ciel, et les bras allongés à ses côtés. Le bruit des roues du cabriolet de M. Vorkins ne le réveilla pas, et même quand M. Peters se rangea avec une soudaine secousse, le dormeur ne leva pas la tête. Je ne sais maintenant pourquoi M. Peters se serait arrêté, ou pourquoi lui ou Kuppins auraient éprouvé une certaine curiosité pour cet homme endormi, le fait est qu’ils s’arrêtèrent. Et d’abord il était vêtu tout à fait pauvrement, mais cependant comme un gentleman, et c’était peut-être une chose bizarre qu’un gentleman se fût endormi profondément dans un lieu aussi désert. Ensuite, il y avait quelque chose dans son attitude, un manque d’aisance, une certaine raideur, qui firent un effet étrange sur Kuppins et M. Peters.

« Je voudrais qu’il remuât, dit Kuppins, il paraît si affreusement tranquille, étendu là tout de son long dans cet endroit si solitaire.

— Appelle-le, ma fille, » dit M. Peters avec ses doigts.

Kuppins essaya de pousser un hola, mais elle ne put y réussir, sur quoi M. Peters donna un long coup de sifflet aigu, qui aurait, je crois, étourdi les sept dormeurs de la légende, s’il n’avait pu les réveiller. L’homme étendu sur le tertre ne bougea