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DU SERPENT.

huit heures moins un quart, alors il posa sa pipe et partit arranger le cabriolet de M. Vorkins pour le retour au logis.

Des deux voyages, peut-être, celui du retour fut presque le plus agréable. Il semblait à la jeune imagination de Kuppins que M. Peters dirigeait le cabriolet de M. Vorkins droit sur le soleil couchant, qui disparaissait dans une mer cramoisie, derrière une crête sombre de bruyère. Slopperton n’était encore invisible, que comme un nuage noir dans la pourpre du ciel. Cette route à travers la bruyère était très-déserte tous les soirs, excepté le dimanche, et la petite société ne rencontra qu’un groupe de faneurs qui revenaient de leur ouvrage, et la robuste femme d’un fermier avec une charge d’épices, qui venait de Slopperton et se hâtait de retourner à son logis. La soirée était calme, pas un bruit ne s’élevait dans l’air transparent, excepté le dernier chant d’un oiseau, ou le craquettement de la cigale. Si Kuppins eût été avec toute autre personne, elle eût peut-être été effrayée, car Kuppins avait une idée vague que des apparitions telles que spectres et bandits étaient communes le soir ; mais en compagnie de M. Peters, Kuppins aurait affronté sans pâlir un régiment de brigands ou un cimetière rempli de fantômes, car n’était-il pas la loi et la police en personne, à l’ombre desquelles il ne pouvait y avoir aucune crainte ?