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DU SERPENT.

champs lointains de fèves de marais, et de regarder derrière soi la fumée de Slopperton, semblable à un barbouillage noir dans le ciel bleu et d’être presque conduit à se demander comment, dans un pays aussi enchanteur et aussi délicieux, une vilaine tache comme Slopperton pouvait exister.

Le jardin de la Rose des Buissons était un lieu fréquenté par Slopperton dans les après-midi du dimanche, et plusieurs savants qui habitaient dans la grande cité n’hésitaient pas à dire que les rosiers de ces jardins étaient des arbrisseaux plantés par Sa Majesté Satanique, et que la route sinueuse qui dominait Halford’s Heath, quoique bordée pour l’œil ignorant de ruisseaux aux eaux bleues et de fleurs sauvages aux douces odeurs, se déroulait en réalité entre deux lacs de feu et de soufre. Quelques gentlemen, néanmoins, osaient dire, des gentlemen cravatés de blanc, aussi des gentlemen bien-venus dans leurs visites fréquentes dans la demeure du pauvre, que Slopperton pouvait aller à des endroits plus mauvais que le jardin de la Rose des Buissons, et pouvait être entraîné à des actions plus coupables que de prendre du thé et du cresson de fontaine à neuf pence par tête. Mais, en dépit de toutes les divergences d’opinion, le jardin de la Rose des Buissons prospérait, et les bouches de Slopperton goûtaient fort le thé, le pain et le beurre de la Rose des Buissons.