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LA TRACE

un claquement bruyant de son médium et de son pouce, commença ainsi :

« Il y a eu une boutique dévalisée à Halford’s Heath, et je dois m’y rendre pour faire quelques perquisitions dans le village ; voici ce que je veux faire avec vous ; je vous prendrai vous et Baby dans le cabriolet de M. Vorkins. Il m’a dit qu’il me le prêterait toutes les fois qu’il me ferait plaisir de le lui demander. Et je veux vous régaler aux Jardins de la Rose des Buissons. »

Jamais le sale alphabet n’avait façonné des mots aussi agréables. Une promenade dans le cabriolet de M. Vorkins et les Jardins de la Rose des Buissons. Si Kuppins eut été transportée par les fées et qu’elle se fût éveillée un matin étant leur reine, je ne pense pas qu’elle eût choisi une réjouissance plus élevée pour célébrer son avènement au trône.

Kuppins, durant les quelques mois de résidence de M. Peters dans l’Éden intérieur du no 5 de la petite rue de Gulliver, avait conquis une place importante dans les affections de M. Peters. La propriétaire un peu mûre de l’Éden n’était rien à ses yeux en comparaison de Kuppins. C’était Kuppins qu’il consultait quand il donnait les ordres pour son dîner ; Kuppins dont il connaissait l’œil infaillible pour choisir une tranche de mouton ou de porc ; Kuppins dont le doigt était comme celui du destin pour décider si les harengs saurs étaient tendres ou