Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
DU SERPENT.

des difficultés qui pouvaient naître de son infirmité, qu’il avait acquis une meilleure place dans la police exécutive de Slopperton, et naturellement un plus fort salaire. Mais les affaires avaient été tristes dernièrement, et M. Joseph Peters, qui était ambitieux, n’avait pas encore trouvé un terrain réellement convenable pour déployer ses talents.

« Il faudrait une bonne banque, ruminait-il, ou une bonne fabrication de faux billets pour une valeur de dix mille livres au moins… Un brin de bigamie serait quelque chose de nouveau ; mais un joli cas d’empoisonnement pourrait faire ma fortune. Si ce petit-là était grand, pensait-il intérieurement, comme l’élève de Kuppins poussait un cri d’une force inusitée, ses poumons feraient ma fortune. Mon Dieu, continua-t-il s’échauffant jusqu’à la métaphysique, je ne considère pas cet enfant comme un enfant, mais comme une voix. »

La voix justement s’exerçait alors avec beaucoup de puissance, car Kuppins, dans un moment de tendresse imprudente, avait régalé l’enfant trouvé avec la couenne laissée par M. Peters, mets qui ne s’harmonisant pas avec son jeune gosier, avait causé cette teinte pourpre qui colorait sa figure avec une violence alarmante.

M. Peters rumina longtemps, et à la fin, faisant un signal d’avertissement à Kuppins, comme c’était son habitude en entamant une conversation, avec