Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LA TRACE

« Fillette, dit-il, pourriez-vous m’avoir une goutte de vin ? je crois que si je buvais une goutte de vin, cela me donnerait un peu de force.

« Grand-mère, dit la jeune fille, pourrais-je m’en procurer ? Vous avez quelque argent ; minuit ne vient que de sonner ; je puis aller jusqu’à la taverne, et l’on m’ouvrira si je frappe, pour avoir une goutte de vin pour Jim. »

La vieille femme fouilla dans ses guenilles, retira une pièce de six pence, sur l’argent fourni par la maigre bourse du compatissant Jabez, et la jeune fille sortit en toute hâte pour aller chercher le vin.

La taverne portait le nom des Sept Étoiles ; l’enseigne représentait sept étoiles qui ressemblaient complètement à sept babas en croix, d’un jaune ardent sur un fond bleu foncé. La maîtresse de l’auberge des Sept Étoiles était en train de remettre ses cheveux en papillotes. Pourquoi prenait-elle la peine et l’ennui de boucler sa chevelure, pour faire l’admiration d’un voisinage comme celui de Peter l’aveugle. C’est une des énigmes de cette triste existence, pour la solution de laquelle l’Œdipe n’avait pas encore paru. Je ne suppose pas qu’elle se souciât beaucoup de suspendre sa toilette, et d’ouvrir sa porte, dans le but de vendre la valeur de six pence de vin de Porto ; mais quand elle entendit que c’était pour un malade, elle ne se fit pas prier. Au milieu de la pluie implacable, et