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DU SERPENT.

lueur de la chandelle, au long lumignon, plantée dans une mare de suif, était la seule clarté qui brillât dans ces lugubres environs. Le cœur de la jeune fille avait de terribles pulsations en approchant de cette lumière, car un doute plein d’angoisses torturait son esprit sur cette autre lumière, qu’elle avait laissée brûlant si faiblement, et qui pouvait maintenant être éteinte. Mais elle prit courage, et poussant la porte, qui n’opposait ni verrous ni barres à quelque sectateur égaré de Mercure, elle entra dans la pièce tristement éclairée. L’individu était couché la face tournée du côté du mur ; la vieille femme était assise à côté du foyer, où brillait une flamme vacillante. Elle avait sur la table, parmi les fioles à médicaments, une autre bouteille qui contenait, sans aucun doute, un spiritueux ; elle tenait en effet dans sa main une tasse à thé ébréchée, dans laquelle elle puisait par intervalles quelques gorgées de consolation, car elle avait évidemment pleuré.

« Mère, comment va-t-il, comment va-t-il ? demanda la jeune fille avec une agitation fébrile, pénible à voir, parce qu’elle révélait combien elle redoutait la réponse.

— Mieux, chérie, mieux, oh ! pour jamais beaucoup mieux ! répondit la vieille femme d’une voix larmoyante, avec un nouveau recours à la tasse à thé.

— Mieux ! merci, mon Dieu, merci ! »