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LA TRACE

den régnaient la consternation et l’alarme ; M. Jabez North, le suppléant principal, était sorti tard dans la soirée et n’était pas rentré à l’heure voulue pour fermer la porte de la maison. Cet événement sans précédent était le sujet de cette alarme considérable, spécialement en l’absence du docteur Tappenden, Jabez étant en quelque sorte le maître reconnu de la maison. La jeune femme qui veillait à la garderobe des jeunes gens tenait compagnie à la servante qui attendait le retour de M. North.

« J’espère, dit la servante, qu’il ne lui est rien arrivé pendant l’orage ; j’espère qu’il ne se sera pas réfugié sous un arbre. »

La servante avait l’idée fixe que se placer sous un arbre pendant l’orage était courir à une mort immédiate.

« Pauvre cher jeune homme, dit la lingère, je tremble à la pensée de ce qui peut ainsi le retenir dehors. Un garçon si rangé ! jamais une minute en retard ! À chaque bruit que j’entends, je pense le voir apparaître à une croisée.

— Ne dites pas cela, miss Smithers ! s’écria la servante, regardant derrière elle comme si elle s’attendait à voir le spectre de Jabez North montrant une tache de sang sur son côté gauche, derrière sa chaise. Je crois que vous ne le voudriez pas ! Oh ! j’espère qu’il n’a pas été assassiné ; il y a seulement trois ans et demi qu’un homme a coupé la gorge à sa