Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
DU SERPENT.

chambre de malade et assister à ce terrible conflit entre la vie et la mort. »

Il se perdit dans l’obscurité, resta absent environ cinq minutes et revint.

« Votre cigare n’a pas été long, remarqua le docteur ; vous êtes un fumeur habile… Mauvais pour la santé, monsieur.

— Mon cigare ne valait rien, je l’ai jeté. »

Peu de temps après, on frappa à la porte ; un petit garçon en guenilles, ayant l’air d’un vagabond, regarda dedans et demanda :

« M. Saunder, le docteur, est-il ici ?

— Oui, mon garçon ; qui me demande ?

— Une jeune femme, dans Hill Fields, qui a pris du poison, dit-on ; on vous demande avec instance.

— Du poison ; le cas est urgent, dit M. Saunders. Qui vous a envoyé vers moi ? »

Le garçon regarda d’un air embarrassé Jabez qui se tenait dans l’ombre, et qui, à l’insu du docteur, chuchota quelque chose derrière sa main.

« Le pharmacien, monsieur, répondit le garçon regardant toujours du côté de Jabez.

— Oh ! on vous envoie de la pharmacie ; il faut que je parte, car, sans nul doute, c’est un cas désespéré. Je vous laisse veiller sur ce pauvre individu ; s’il s’éveille, donnez-lui deux cuillerées de la potion qui est là ; je ne pourrais faire davantage