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LA TRACE

maison et s’élança dans la direction de Slopperton.

« Si elle court aussi vite tout le chemin, dit Jabez en regardant la jeune fille qui s’éloignait, elle sera de retour en moins d’une heure.

— Alors elle le trouvera mort ou mieux, » répliqua le docteur. »

La pâle figure de Jabez devint livide à ce mot : mieux.

« Mieux ! dit-il. A-t-il une chance de se rétablir ?

— Il y a des choses merveilleuses dans cette lutte entre la vie et la mort. Ce sommeil peut être une crise. S’il se réveille, il peut y avoir un faible espoir de le sauver. »

La main de Jabez trembla comme une feuille ; il tourna le dos au docteur, parcourut une fois la chambre de long en large, et demanda ensuite avec son ancien calme :

« Et vous, monsieur, vous dont le temps est si précieux pour tant de malades, vous ne pouvez vous permettre de les abandonner tous et de rester ici à veiller cet homme.

— Le cas est extraordinaire et m’intéresse ; en outre, je ne sache pas avoir aucun malade en danger ce soir. Mon suppléant a mon adresse et m’enverrait chercher si ma présence était nécessaire.

— Je vais sortir fumer un cigare, dit Jabez après un instant de silence. Je ne puis rester dans cette