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LA TRACE

garder votre secret, et je puis garder le mien. Vous voudrez bien me dire, peut-être, si ma mère est morte ou vivante.

— Votre mère est morte depuis plusieurs années. Ne me demandez pas comment elle mourut ; je suis vieille, ma tête n’est pas assez solide pour n’être pas dérangée par tous ces souvenirs, et en parler me fait mal. Elle mourut, je ne pus la sauver, ni la secourir, ni la poser dans le cercueil. J’espère qu’elle a trouvé plus de pitié où elle a été qu’elle n’en trouva jamais ici, car assurément si le malheur peut exiger de la compassion, elle l’a bien méritée. Ne m’interrogez pas sur elle.

— Je n’en ai pas l’intention, dit Jabez ; ma parenté ne me semble pas avoir eu un sort si désirable que je veuille entreprendre d’écrire l’histoire de la famille. Je suppose que j’avais un père d’une espèce quelconque ; qu’est-il devenu ? mort…

— Pendu, n’est-ce pas, chéri ? dit la vieille retombant dans son malicieux sourire.

— Prenez garde à ce que vous dites, dit M. North en la foudroyant, ou vous me donnerez envie de faire sortir votre âme de votre vieille carcasse ridée.

— Et alors vous ne saurez pas qui fut votre père. Eh ! ah ! ah ! mon trésor, c’est une partie du fameux secret que nul autre que moi ne peut dire.

— Ainsi vous ne voulez pas me dire le nom de mon père ?