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DU SERPENT.

Jabez d’un ton assez bas pour n’être entendu ni par le malade ni par la jeune fille.

— Vous voudriez bien le savoir, chéri ? marmotta la vieille femme, levant les yeux sur lui avec une grimace malicieuse ; n’avez-vous pas bien envie de le savoir, mon chéri ? Mais vous ne le saurez jamais, ou, si vous voulez le savoir, il vous faut d’abord être riche, car c’est une partie du secret, et le secret est de l’or tout le temps qu’il est gardé, mon chéri, et il a été gardé depuis des années, et fidèlement.

— Le connaît-il ? demanda Jabez en désignant le malade.

— Non, mon chéri, il l’ignore. J’ai l’intention de le lui vendre un jour, car il vaut une mine d’or, une mine d’or ! Il l’ignore et elle aussi ; cela ne l’intéresse pas, elle, mais c’est son affaire, à lui.

— Alors vous feriez mieux de le lui apprendre avant que trois jours soient écoulés, ou il ne le connaîtra jamais, dit le maître d’étude.

— Pourquoi non, mon chéri ?

— Vous n’y songez pas. J’ai besoin de vous parler à vous, et je n’ai pas besoin qu’ils entendent ce que je dis. Pouvons-nous aller quelque part où personne ne puisse nous voir ou nous entendre ? »

Elle le conduisit d’un pas traînard et saccadé hors de la maison, à travers la brèche d’une haie, sur un terrain stérile, derrière Peter l’aveugle ; là, la