Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
DU SERPENT.

— Pauvre amie, je pensais pouvoir faire quelque chose de bon pour elle et pour moi, en partant comme je l’ai fait, mais je n’ai pas réussi, et voilà que je reviens pour manger son pauvre argent, pauvre amie, c’est une lâcheté d’agir ainsi, et si j’avais eu la force, j’aurais poursuivi, mais je ne pouvais plus. »

À peine avait-il prononcé ces mots, qu’une jeune fille entra par la porte entr’ouverte, et se précipitant sur lui, lui jeta ses bras autour du cou.

« Oh, Jim, vous êtes revenu ; je disais bien que vous reviendriez, je savais bien que vous ne seriez pas toujours absent, que vous ne seriez pas aussi cruel.

— Il est bien plus cruel à moi de revenir, ma chère petite, dit-il, il est mal à moi d’être un embarras pour une jeune fille comme vous.

— Un embarras, Jim ! »

Elle se laissa tomber à ses pieds dans la poussière et parmi les haillons, et posa d’un air caressant sa tête sur les genoux de l’individu.

Ce n’était pas ce qu’on appelle généralement une jolie fille. Son existence n’avait pas les délicatesses qui conviennent à une plante exotique aussi fragile que la beauté ; son visage était pâle, maladif, mais illuminé par de grands yeux bruns, et couronné d’une masse compacte de cheveux noirs.

Elle prit la rude main de l’homme dans les sien-