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LA TRACE

me bénisse s’il ne s’est pas emparé de ma carcasse. Espérons qu’elle lui sera plus avantageuse qu’à moi, ajouta-t-il avec amertume.

— Je ne puis saisir le fil de tout ceci, murmura la vieille femme ; tout est ténèbres pour moi. Je vois l’endroit où j’ai mis l’autre de mes propres mains. Je me vois le faisant, et sûrement encore. Oh ! oui, certainement.

— Que voulez-vous dire par, l’autre ? demanda l’individu, pendant que Jabez attendait attentivement la réponse.

— Eh bien, mon cher enfant, c’est une partie du secret que vous apprendrez un de ces jours. Un beau secret ! de l’or, de l’or, de l’or, tout le temps qu’on le garde, et de l’or encore quand il est révélé, en son temps, mon chéri.

— S’il faut qu’il soit révélé à temps pour me procurer du bien, il vaudrait peut-être mieux qu’il le fût bientôt, alors, dit Jim, en grelottant : mes os sont endoloris, ma tête est en feu, et mes pieds sont des morceaux de glace. J’ai fait aujourd’hui vingt milles à pied, et je n’ai ni bu ni mangé depuis la nuit dernière. Où est Sillikens ?

— À la fabrique, mon cher Jim, quelqu’un lui a donné de l’ouvrage, un des bons ouvriers, et elle doit apporter un peu d’argent à la maison ce soir. Pauvre petite, elle a bien usé ses yeux à pleurer, depuis que vous êtes parti, Jim.