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LA TRACE

« Voulez-vous, alors venir avec moi à la maison, dit la vieille femme, pour que j’y voie clair, et que je sache si vous êtes mon Jim ou non.

— Où est la maison ? demanda Jabez.

— Mais dans l’allée de Peter l’aveugle assurément, où voulez-vous qu’elle soit ?

— Comment le saurais-je ? » dit Jabez, en la suivant.

Il pensait qu’il était en sûreté même dans l’allée, n’ayant pas de valeurs sur lui, et ayant d’ailleurs une extrême confiance dans la force de son bras.

La vieille femme ouvrit le chemin dans la gorge de la petite colline, sur laquelle s’entassaient de misérables cabanes, et de vieilles maisons décrépites, qui avaient été autrefois de confortables résidences. Celle dans laquelle elle entra était une habitation de la dernière catégorie, et elle l’introduisit dans une pièce dallée, qui avait été jadis un beau vestibule.

La chambre était éclairée par la lueur d’une petite chandelle dont le long lumignon faisait dégoutter le suif, et plantée dans une bouteille qui avait contenu du gingerbeer. À cette faible clarté, Jabez vit assis sur un tas de guenilles à côté du triste foyer, sa propre image, un homme, en un costume différent du sien, des vêtements d’ouvrier, mais dont le visage reflétait le sien aussi fidèlement que jamais avait pu le faire un miroir.