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DU SERPENT.

année ou deux d’orgie ou de vie dissipée que je veux avoir pour but, mais une longue existence de fortune et de plaisir, avec des têtes d’hommes pour escabeaux, et mes anciens maîtres pour lécher la poussière de mes souliers. Voilà pourquoi je dois lutter, voilà le but que je dois atteindre ; mais, comment ?… comment ?… »

Il prit son chapeau et sortit de la maison. Il était complètement maître de ses actions pendant ces jours de vacances, il entrait et sortait selon sa fantaisie, pourvu qu’il fût rentré au logis à dix heures, quand on fermait la porte de l’établissement pour la nuit.

Il marcha sans but à travers les rues de Slopperton. Il était huit heures et demie, et les ouvriers des fabriques remplissaient les rues, respirant la fraîcheur du soir, mais calmes et accablés dans leur contenance, épuisés qu’ils étaient par la chaleur d’une longue journée de juin. Jabez n’affectionnait pas beaucoup ces endroits populeux, et il tourna à l’une des extrémités les plus affairées de la ville, pour entrer dans une petite allée de vieilles maisons qui conduisait dans un square de forme ancienne, dans lequel s’élevaient deux vieilles églises avec deux clochers très-élevés et un hôtel de ville à l’aspect antique (autrefois une prison), un pâté de maisons bizarres avec des toits pointus et des étages supérieurs se projetant en saillie sur les inférieurs, et une chétive pompe. Jabez laissa bien-