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DU SERPENT.

coin Sinbad le marin, et ne gênaient nullement ce gentleman.

Notre ami Jabez paraît aussi calme que d’habitude ; son teint pâle et délicat est peut-être un peu plus pâle, et les coins de sa bouche un peu plus serrés ; selon l’absurde professeur de phrénologie, la tête et la physionomie de Jabez offraient tous les caractères de la sécrétivité ; mais notre ami est aussi paisible que jamais. La pâleur de son visage, la finesse de son nez aquilin, sa belle chevelure et sa figure un peu allongée donnent à sa personne un cachet d’aristocratie que ses vêtements noirs en mauvais état ne peuvent celer. Mais Jabez n’est pas excessivement satisfait de son sort : il se promène de long en large dans la classe, tout seul, éclairé par le crépuscule d’une soirée de juin. Le docteur Tappenden est parti pour les bords de la mer avec sa frêle et unique fille, familièrement appelée par les écoliers, qui ne prisent guère les beautés éthérées, Jane la Décharnée. Le docteur Tappenden est parti pour se divertir, car le docteur Tappenden est riche, il passe pour avoir quelque vingt mille livres placées dans une banque de Londres, il ne place pas son argent à Slopperton ; et, quant à Jane la Décharnée, on peut observer qu’il y a des jeunes gens de la ville qui donneraient quelque chose pour un regard de la maigre fille, et qui seraient disposés à considérer sa personne éthérée comme la véri-