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LA TRACE

faisait pour les pauvres un peu plus qu’au temps où elle jouissait de son petit revenu. La fortune de l’habitant des Indes orientales restait accumulée dans les mains de ses banquiers. Mistress Marwood était donc énormément riche, et tout Slopperton, en conséquence, la faisait passer pour avare.

C’est ainsi que l’événement des neuf jours s’éteignit et que l’assassinat de M. Montague Harding fut oublié. Le soleil fit briller sur les cheminées des usines de Slopperton des rayons chaque jour plus chauds ; chaque jour les ouvriers appartenant aux fabriques éprouvèrent de plus en plus la nécessité de fréquenter plus souvent le cabaret, à mesure que la température devenait de plus en plus altérante, jusqu’au moment où le brûlant soleil de juin éclata sur le pavé des rues de Slopperton, calcinant et grillant les pierres ; où la vue d’une mare ou d’un réservoir d’eau paraissait comme des sources dans le grand désert du Sahara ; où les habitants de la rue du côté du soleil étaient hostiles et mal disposés contre ceux qui habitaient le côté de l’ombre ; où l’épicier du coin, qui sortait avec un pot à eau et arrosait chaque soir le devant de sa porte, passait pour un bienfaiteur public ; où le boulanger, qui ajoutait sa production particulière de calorique à celle de la grande usine de Soleil et Co et calcinait le sol de son four pour son propre compte, était considéré comme une incommodité publique, et le