Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome I.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LA TRACE

Le plan qu’il adopte pour échapper proclame encore la folie. Au lieu de courir à Liverpool, qui est éloigné seulement de trente milles de cette ville, et d’où il eût pu s’embarquer pour quelque partie du globe, et défier ainsi les poursuites, il se dirige, sans aucune tentative de déguisement, vers une petite ville intérieure, d’où l’évasion est presque une impossibilité, et il est saisi quelques heures après l’accomplissement du crime, ayant encore du sang de son infortunée victime sur la manche de son habit. Un homme dans son bon sens, messieurs, n’aurait-il pas effacé à tout prix cette fatale preuve de culpabilité ? Un homme dans son bon sens n’aurait-il pas fait tous ses efforts pour se déguiser et cacher l’argent qu’il avait volé ? Messieurs, j’ai la parfaite confiance que vous prendrez une décision juste dans cette très-malheureuse affaire ; que, pesant avec votre sagesse les antécédents du prisonnier et les circonstances du crime, votre verdict sera, je ne puis avoir à cet égard la moindre ombre de doute, que le malheureux jeune homme en ce moment devant vous est, hélas ! trop certainement l’assassin de son oncle, mais qu’il est aussi certainement irresponsable d’un crime qu’il a commis pendant une aberration de son intelligence. »

Chose étrange ! l’avocat n’attira pas une seule fois l’attention sur la singulière conduite du prisonnier