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LA TRACE

tune, car nous nous intéressons toujours aux gens riches, messieurs les jurés. Il n’est pas maintenant bien difficile d’imaginer que, par une voie quelconque, l’accusé fut instruit du retour de son oncle et de sa résidence au Moulin Noir. Le fait fut mentionné dans chacun des cinq journaux éminents qui font l’orgueil de Slopperton. Le prisonnier peut avoir vu un de ces journaux, il peut avoir eu quelque ancien bon camarade résidant à Slopperton, avec lequel il peut avoir été en correspondance. Quoi qu’il en soit, messieurs, dans la huitième nuit après l’arrivée de M. Montague Harding, l’accusé fait son apparition après sept années d’absence, avec une figure longue et une histoire de repentir, pour obtenir le pardon de sa mère. Messieurs, nous connaissons tous la puissance illimitée de l’amour maternel, la profondeur inépuisable d’affection du cœur d’une mère ; sa mère lui pardonna. Le veau gras fut tué, le vagabond de retour fut accueilli dans la maison qu’il avait remplie d’affliction ; le passé fut effacé, et sept longues années d’abandon indigne d’un fils et de délaissement cruel furent oubliées. La famille alla se livrer au repos. Cette nuit-là, messieurs, un assassinat fut commis, un assassinat si horrible, que les tristes annales du crime n’en ont pas enregistré depuis des siècles d’aussi noir et d’aussi plein de préméditation. Sous le toit qu’il avait