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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Après cela vinrent les explications et les félicitations. Gustave fut ravi d’avoir des droits à l’amitié d’une aussi belle cousine.

« Vous ressemblez à mon aînée, ma cousine, dit-il. Diana a été frappée de cette ressemblance quand elle a vu ma fille au Sacré-Cœur, et moi-même j’ai vu dans vos yeux le regard de ma fille aînée, la première fois que je vous ai vue. Rappelez-vous qu’il a été convenu entre nous que vous viendriez vous établir avec M. Haukehurst à Cotenoir avant qu’il fût connu qu’il existât un lien de parenté entre vous et la famille Lenoble. Maintenant, vous et votre mari, vous êtes de la famille. »

Diana fut surprise, affligée, et pleine d’indignation contre son père qui l’avait trompée en lui cachant si habilement la vérité. Elle se trouvait placée dans une position de rivalité avec Charlotte et toute cette intrigue lui semblait basse et perfide.

Mais ce n’était pas le moment de formuler des reproches ou d’exprimer ouvertement le sentiment d’indignation qu’elle éprouvait. Les jours de son père étaient comptés. Elle le savait et elle garda le silence. Mme Sheldon elle-même ne fit pas entendre une plainte, quelque vif qu’ait été le sentiment de désappointement qu’elle avait éprouvé à cette nouvelle. L’idée des quatre à cinq mille livres qui devaient échoir à Charlotte avait été une consolation pour elle au milieu des désastres qui étaient venus, dans ces derniers temps, bouleverser son existence. Elle quitta la maison de Knightsbridge ce soir-là dans une assez triste disposition d’esprit et à demi disposée à chercher querelle à Charlotte et à son mari pour leur gaieté et pour le bonheur évident qu’ils trouvaient dans la société l’un de l’autre.

« Il semble un peu dur d’avoir à recommencer la vie