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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

moi, nous n’avons pas agi avec une précipitation fébrile. Nous avons soigneusement étudié la généalogie de celle que, d’accord avec des jurisconsultes de premier ordre, nous considérons comme la seule héritière de la succession Haygarth, et nous avons eu grand soin de nous convaincre qu’il n’existait pas d’autres ayants droit.

— Qu’appelez-vous vous convaincre ?

— Christian Meynell n’a eu que trois enfants, Samuel, Susan et Charlotte. Cette dernière a épousé James Halliday, propriétaire des fermes de Hilley et Newhall, les autres sont morts sans avoir contracté mariage.

— Comment le savez-vous ? Comment entendez-vous prouver que Samuel et Susan sont morts sans avoir été mariés ?

— Susan a été enterrée sous son nom de fille ; Mme Halliday, sa sœur, était auprès d’elle quand elle est morte. Il n’a pas été question de mariage, et il n’y a aucune trace d’un mariage contracté par Samuel.

— Tout cela n’est pas des preuves.

— En vérité ! L’évidence me semblait cependant bien suffisante. Dans tous les cas, ce n’est pas à nous qu’incombe l’onus probandi. Pouvez-vous prouver le mariage de Samuel Meynell, qui est mort à Calais, et celui de Susan Meynell, qui est morte à Londres ?

— Je le puis. Le fils légitime de Susan Meynell est là dans la pièce à côté. C’est une assez désagréable révélation à faire, Valentin, attendu que comme fils de l’une des sœurs, il vient avant votre femme, qui n’est que la petite-fille de l’autre sœur, dans l’ordre de succession ; et il prend tout.

Il prend tout ! répéta Valentin abasourdi, il…, le fils de Susan Meynell…, dans la pièce voisine ?… Qu’est-ce que tout cela signifie ?