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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sein de sa sœur, qu’elle rendit le dernier soupir, sans avoir pu raconter son histoire, sans qu’un anneau à son doigt amaigri pût témoigner qu’elle mourait mariée à un honnête homme.

Ni lettres ni papiers, dans sa pauvre petite malle, ne vinrent jeter la moindre lueur sur les quatorze années qu’elle avait passées dans l’abandon, l’oubli.

Mme Halliday resta à Londres jusqu’à ce qu’elle eût vu sa sœur enterrée dans le tranquille cimetière de la Cité, où reposait sa famille ; on y choisit un coin obscur où elle pût reposer oubliée et inconnue.

On ne voulut pas cependant que cet oubli fût entier, absolu.

Mme Halliday ne pouvait abandonner sans y laisser un souvenir la tombe de la sœur qu’elle avait aimée.

Sur la pierre qui recouvrait le tombeau de la femme de Gustave, on grava son nom de fille.

Puis, à la suite de cette mention, on ajouta deux ou trois lignes de banalités, vous savez, ces banalités qui se débitent partout sur le compte des pécheurs, des pécheresses qui se repentent.


CHAPITRE II

PARDONNÉ TROP TARD

Pendant une semaine de longs jours, de longues nuits, on ne put ouvrir ou fermer une porte dans la vieille maison où Gustave se mourait sans éveiller en lui un espoir soudain ; mais le bruit des pas s’éteignit,