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AURORA FLOYD

CHAPITRE VII

L’étrange pensionnaire d’Aurora.

Floyd reçut la nouvelle du choix de sa fille avec un orgueil et une satisfaction manifestes. On eût dit que le père et la fille avaient été délivrés d’un lourd fardeau qui pesait sur leur existence, d’un nuage qui les enveloppait d’une ombre sinistre.

Le banquier ramena sa fille à Felden, avec Bulstrode dans son convoi ; et l’appartement tendu de toile perse fut préparé pour l’ex-hussard, qui devait passer les fêtes de Noël à Felden.

Mme Alexandre et son mari furent installés avec leur famille dans l’aile du couchant ; M. et Mme André furent logés à l’angle situé au levant ; car c’était la coutume hospitalière du vieux banquier de réunir ses parents autour de lui au commencement de décembre, et de les garder jusqu’à ce que les cloches de l’église de Beckenham eussent annoncé le nouvel an.

Les joues de Lucy avaient beaucoup perdu de leurs couleurs délicates, quand elle revint à Felden ; et tous ceux qui observèrent ce changement s’accordèrent à dire que l’air de la falaise de l’Est et les vents d’automne soufflant à travers les dunes glaciales avaient été trop vifs pour le tempérament de la jeune fille.

Aurora paraissait plus belle et plus éblouissante encore, depuis le jour où elle avait accepté la main de Bulstrode. Ses manières respiraient une dignité fière, qui lui convenait mieux que la douceur sied à des femmes bien plus aimables. Cette jeune fille avait dans toute sa personne une insouciance hautaine, qui prêtait un nouveau lustre à ses