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AURORA FLOYD

— Vous n’êtes pas heureuse, ma chère Aurora ? — lui demanda-t-elle avec un empressement inquiet.

— Non, non… je ne suis que fatiguée. Tenez, allez-vous-en, Lucy. Bonne nuit… bonne nuit…

Elle poussa doucement sa cousine hors de la pièce et refusa les services de sa femme de chambre, qu’elle congédia aussi. Ensuite, toute fatiguée qu’elle était, elle porta la bougie de dessus la table de toilette sur un pupitre placé à l’autre extrémité de la chambre, et, s’asseyant devant ce pupitre, elle l’ouvrit, et, d’une de ses cases les plus cachées, elle tira le sale chiffon de papier crayonné que lui avait remis, une semaine auparavant, l’homme qui avait essayé de lui vendre un chien dans Cockspur Street.

Le bracelet de diamants, cadeau qu’Archibald avait fait à sa fille le jour de sa naissance, était serré dans son écrin de satin et de velours sur la table de toilette d’Aurora. Elle prit la boîte de maroquin dans sa main, regarda le bijou quelques instants, puis ferma le couvercle de la petite boîte qui fit entendre un son aigu et métallique.

— Il y avait des larmes dans les yeux de mon père quand il m’a attaché ce bracelet au bras, — dit-elle en se rasseyant devant son pupitre. — S’il pouvait me voir maintenant !…

Elle enveloppa la boîte de maroquin dans une feuille de grand papier à lettre, cacheta le paquet en plusieurs endroits avec de la cire rouge et un cachet simple, et écrivit dessus cette adresse :

J. C.
Aux soins de M. Joseph Green,
auberge de la Cloche,
Doncastre.

Le lendemain matin de bonne heure, Mlle Floyd emmena sa tante et sa cousine à Croydon, et, les ayant laissées dans une boutique de mercerie, elle alla seule à la poste où elle fit enregistrer le précieux paquet, dont elle paya le port.