Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
AURORA FLOYD

CHAPITRE III

Ce qu’il advint d’un bracelet de diamants.

Les tantes, les oncles, les cousins et les cousines d’Aurora ne manquèrent pas de pousser des exclamations en observant le triste changement qu’un séjour d’un an à Paris avait opéré chez leur jeune parente. Je crains fort que l’altération de la bonne mine de Mlle Floyd n’ait porté une rude atteinte à la réputation des demoiselles Lespard auprès de la société qui environnait Felden. Aurora était abattue, elle n’avait pas d’appétit, elle dormait mal, elle avait les nerfs agacés, elle était irritable, elle ne prenait plus aucun intérêt à ses chiens ni à ses chevaux ; en un mot, c’était un être complètement changé. Mme Alexandre Floyd déclara qu’il était parfaitement clair que ces cruelles Françaises avaient réduit la pauvre Aurora à l’état d’ombre.

— La pauvre enfant n’avait pas l’habitude d’étudier, — dit-elle ; — elle était accoutumée à l’exercice, au grand air, et sans aucun doute elle a tristement dépéri dans l’atmosphère renfermée d’une salle d’étude.

Mais Aurora était une de ces natures impressionnables qui surmontent promptement toute mauvaise influence. Lucy Floyd vint à Felden dans les premiers jours du mois de septembre, et trouva sa belle cousine presque entièrement remise du régime fatigant de la pension parisienne, mais ayant toujours assez de répugnance à s’entretenir longuement de cette maison d’éducation. Elle répondait très-brièvement aux questions de Lucy ; elle disait qu’elle haïssait les demoiselles Lespard et la rue Saint-Dominique, et que le souvenir même de Paris lui était désagréable. Comme la plupart des jeunes femmes qui ont des yeux noirs et des