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AURORA FLOYD

dre comment se trouvent les parents que vous avez quittés.

Conyers sourit pour la seconde fois. Il n’avait jamais connu de parents dont il pût parler, depuis la période la plus lointaine de son existence ; car il avait été jeté de par le monde à l’âge de sept ou huit ans. Les parents dont il avait hâte de lire les lettres étaient membres de la plus humble classe des teneurs de paris avec lesquels il faisait ses affaires.

Le domestique envoyé par Mme Powell revint avec un carafon de sherry et environ une demi-douzaine de lettres à l’adresse de Conyers.

— Vous ferez bien d’apporter de la lumière, William, — dit Mme Powell au valet qui s’éloignait, — car je suis sûre que vous ne pourrez jamais lire vos lettres sans la lampe, — ajouta-t-elle courtoisement en s’adressant à Conyers.

Le fait est que Mme Powell, affligée de cette curiosité chronique dont j’ai parlé, voulait savoir de quelle sorte de correspondants étaient ceux dont l’entraîneur était si pressé de recevoir des lettres, et elle envoyait chercher la lampe afin de ne rien perdre de ce qu’elle pourrait saisir, à l’aide de certains coups d’œil rapides lancés avec adresse, des épîtres en question.

Le valet apporta une lampe resplendissante, et Conyers, que n’avait pas intimidé le moins du monde l’air de condescendance de Mme Powell, approcha sa chaise de la table, et après avoir vidé d’un trait un verre de sherry, il commença la lecture de ses lettres.

La veuve de l’enseigne, un ouvrage d’aiguille dans les mains, s’assit immédiatement en face de lui devant la petite table ronde. Il n’y avait entre eux que le pied de la lampe.

Conyers prit la première lettre, examina la suscription et le cachet, déchira l’enveloppe, lut la courte communication contenue sur une demi-feuille de papier à lettres, et la jeta dans la poche de son gilet. Mme Powell, écarquillant les yeux à l’extrême, ne vit rien que des caractères tracés par une main horriblement plébéienne et une signature qui, vue désavantageusement de bas en haut, ressemblait