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AURORA FLOYD

lûment considéré sa jaquette brune, sa chemise de couleur, et son chapeau de feutre, lui demanda avec une âpreté excessive ce qu’il voulait.

Conyers expliqua qu’il était le nouvel entraîneur, et qu’il désirait voir la gouvernante ; mais à peine avait-il parlé qu’une porte s’ouvrit doucement dans un angle du vestibule, et Mme Powell sortit du petit appartement qui lui était particulièrement réservé.

— Ce jeune homme aura peut-être la bonté d’entrer ici, — dit-elle en s’adressant en apparence au vide, mais indirectement à Conyers.

Le jeune homme ôta son chapeau, découvrant une masse de boucles brunes luxuriantes, et se rendit à l’invitation de Mme Powell.

— Je pourrai sans aucun doute vous donner tous les renseignements dont vous avez besoin.

Conyers sourit ; il se demandait si cette petite masse bilieuse, et il désignait mentalement Mme Powell, pourrait par hasard le renseigner sur les courses d’été d’York ; mais il s’inclina poliment, et dit qu’il désirait simplement savoir ou il allait camper, il s’arrêta pour s’excuser, où il allait coucher cette nuit, et s’il y avait des lettres pour lui. Mais Mme Powell n’était pas le moins du monde décidée à le tenir quitte à si bon compte. Elle se mit à le faire jaser, et travailla si bien qu’elle eut bientôt épuisé cette très-légère somme d’intelligence qu’il était disposé à lui accorder, attendu qu’il comprenait parfaitement le procédé auquel il était soumis, et qu’il était infiniment plus rusé que la bonne dame. La veuve de l’enseigne ne put donc rien apprendre, si ce n’est que Conyers était parfaitement étranger à Mellish et à sa femme, et qu’il ne les avait jamais vus ni l’un ni l’autre.

N’ayant rien pu obtenir durant cette entrevue, Mme Powell avait hâte de la voir terminée.

— Peut-être prendriez-vous volontiers un verre de vin, après la course que vous venez de faire ? — dit-elle. — Je vais en demander, et je pourrai en même temps vous renseigner sur vos lettres. Sans doute vous avez hâte d’appren-