Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome I.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
AURORA FLOYD

jumeaux ; mais il luttait contre eux, et parvint à les terrasser ; se tournant alors vers sa femme, avec un visage pâle, mais calme, il lui dit tranquillement :

— Je ne veux plus vous presser de ces questions pénibles, Aurora. Je vais écrire à Pastern, pour lui dire que l’homme ne peut nous convenir, et…

Il se levait pour s’éloigner, quand elle l’arrêta par le bras.

« N’écrivez pas à M. Pastern, John, — dit-elle ; — cet homme vous conviendra parfaitement, j’en suis certaine. Je préfère qu’il vienne.

— Vous désirez qu’il vienne ici ?

— Oui.

— Mais il vous tourmentera, il vous extorquera de l’argent.

— Il le ferait dans tous les cas, puisqu’il vit. Je le croyais mort.

— Alors, vous désirez réellement qu’il vienne ici ?

— Oui.

John sortit de la chambre de sa femme, soulagé d’un poids énorme. Après tout, ce secret ne devait pas être si terrible, puisqu’elle consentait à ce que l’homme qui le connaissait vînt à Mellish Park, où il y avait au moins une chance, si éloignée qu’elle fût, qu’il le révélât à son mari. Peut-être aussi ce mystère concernait-il d’autres personnes plutôt qu’elle-même… l’intégrité commerciale de son père… sa mère ?… Il savait peu de chose sur le compte de sa mère… Peut-être elle… Mais pourquoi chercher à savoir ? Il lui avait promis de se fier à elle, et l’heure était venue de tenir sa promesse. Il écrivit à Pastern qu’il acceptait Conyers sur sa recommandation, et il attendit avec impatience pour voir quelle sorte d’homme était l’entraîneur.

Il reçut une lettre de Conyers parfaitement écrite et d’un style fort convenable, par laquelle il le prévenait qu’il arriverait à Mellish Park le 3 juillet.

Aurora était remise de son attaque de nerfs quand cette lettre arriva ; mais comme elle était encore très-faible et