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AURORA FLOYD

Vous, vous savez que je vous aime encore, que j’espère encore. Laissez le temps faire le reste.

Elle lui tendit les deux mains avec un sourire mêlé de larmes. Il prit ses deux petites mains dans les siennes qui étaient si larges, et se pencha pour les baiser respectueusement.

— Vous avez raison, — dit-elle ; — que le temps fasse le reste. Vous êtes digne de l’amour d’une femme meilleure que moi, John ; mais, avec l’aide de Dieu, je ne vous donnerai jamais sujet de regretter la confiance que vous avez en moi.


CHAPITRE XII

L’idiot.

Au commencement d’octobre, Aurora retourna à Felden, fiancée encore une fois. Les familles du comté ouvrirent de grands yeux, quand le bruit parvint à leurs oreilles que la fille du banquier allait se marier, non pas avec M. Bultrode, mais avec M. Mellish, de Mellish Park, près de Doncastre. Les demoiselles non mariées, assez nombreuses aux environs de Beckenham et de West Wickham, n’approuvèrent pas tout ce troc, tout ce changement. Elles reconnaissaient la souillure du sang des Prodder dans cette inconstance. Les paillettes et la sciure de bois perçaient, et Aurora était bien, comme elles l’avaient toujours dit, la fille de sa mère.

Mme Alexandre et Lucy revinrent à Felden pour aider aux préparatifs de la noce. Lucy avait repris bien meilleure mine depuis l’hiver précédent ; ses tendres yeux bleus brillaient d’une lumière qui exprimait plus de bonheur intérieur ; ses joues étaient teintes de couleurs qui indiquaient