Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aſſez de peine à nous reſoudre de faire à ſon occaſion vn Cimetiere particulier, & de tranſporter en Terre ſaincte vn corps qui a mené vne vie ſi ſcandaleuſe dans le Pays, & donné aux Sauuages vne ſi mauuaiſe impreſſion des mceurs des François. D’abord quelques-vns trouuerent mauuais que nous en demeuraſſions là, & s’en offenſerent, nous alleguant que cela eſtant, ils ne pourroient pas ſe vanter, comme ils eſperoient, aupres des Peuples eſtrangers d’eſtre parens des François ; autrement qu’on leur pourroit dire qu’il n’y auoit gueres d’apparence, puis que nous n’auons voulu mettre les os des noſtres auec les leurs ; par apres neantmoins ayant ouy toutes nos raiſons, ils iugerent que nous faiſions prudemment, & que c’eſtoit le vray moyen de nous maintenir en amitié les vns auec les autres.

Finiray-ie la preſente par cette ceremonie funebre ? Ouy, puis qu’elle eſt vne marque aſſez claire de l’eſperance d’vne vie future, que la nature ſemble nous fournir dans l’eſprit de ces Peuples, comme vn moyen tres-propre à leur faire gouſter les promeſſes de Ieſus-Chriſt. N’y a-t’il pas occaſion d’eſperer qu’ils le fe-