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porta ſa robbe, & quelques-vns deux & trois. On en donna vingt au maiſtre du feſtin pour remercier les Nations qui auoient aſſiſté à la feſte. Les defuncts en diſtribuerent quantité, par les mains des Capitaines, à leurs amis viuans. Vne partie ne ſeruit que de parade, & fut retiré de ceux qui les auoient expoſées. Les Anciens, & les groſſes teſtes du Pays, qui en auoient l’adminiſtration & le maniment, en tirerent auſſi ſouz-main vne aſſez bonne quantité, & le reſte fut coupé en pieces, comme i’ay dit, & ietté par magnificence au milieu de l’aſſemblée. Cependant il n’y a que les riches qui ne perdent rien, ou fort peu, à cette feſte. Les medions, & les pauures y apportent, & y laiſſent ce qu’ils auoient de plus precieux, & ſouffrent beaucoup pour ne point paroiſtre moins que les autres en cette celebrité. Tout le monde ſe picque d’honneur.

Au reſte il ne s’en eſt preſque rien fallu, que nous n’ayons auſſi eſté de la feſte : dés cét Hyuer le Capitaine Aenons, dont i’ay parlé cy-deuant, nous en vint faire ouuerture de la part des Anciens de tout le Païs. Pour lors la chaudiere n’eſtoit pas