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comme ils n’en ont point de l’ancienne langue, qu’ils ont déja cessé de parler.

Outre les Coptes, il y a encore deux sortes d’habitans en Egypte : on appelle les premiers, Bédouïns fixes, & les seconds,Bédouïns errans. Les Bédouïns fixes habitent les villages & les maisons de campagne : on doit les regarder comme les paysans du pays. Les Bédouïns errans menent la même vie que les anciens patriarches : ils vivent sous leurs tentes, du lait de leurs bestiaux, & changent d’habitations, à mesure que les pâturages leur manquent. Ils campent toujours dans les endroits où ils peuvent trouver facilement de l’eau : quelques-uns se tiennent auprès des montagnes ; & les autres auprès des endroits habités.

Les Turcs ont beaucoup d’égard pour les Bédouïns errans. Ils leur abandonnent des terres pour les cultiver, dans la vûe de n’avoir rien à démêler avec des gens qui peuvent faire beaucoup de mal, sans qu’on puisse leur en faire aucun. Il leur est fort aisé de n’avoir rien à craindre du ressentiment des Turcs, ils se retirent à cent lieues dans les déserts, où il leur est très-aisé de subsister par la connoissance qu’ils ont des puits, & par leur frugalité.