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n’hésite point d’affirmer qu’il l’est en effet. De cette manière, ils auront tous les deux raison, puisque l’esprit à ce qu’il prétend, n’a point la notion d’une chose, que cette chose ne soit, quoique néanmoins l’opinion d’un des deux soit fausse ; mais si Descartes avoit eu l’esprit fortement préoccupé de la définition de l’atôme, il ne l’auroit jamais compris divisible en raisonnant de cette manière : L’atôme a une étendue & des parties ; mais cette étendue & ces parties font un tout parfaitement solide & simple, parce qu’il est éternel, parce qu’il n’est point l’ouvrage de l’assemblage, & qu’il n’y a point de vuide dans l’union serrée de ces parcelles, & qu’ainsi il est indivisible. Des Coutures, remarq. sur Lucrèce, tom. I. pag. 348.</ref>

Dès qu’on veut allier l’idée de l’infini avec la matière, l’esprit se perd dans les raisonnemens. Cependant l’argument des Cartésiens ébranle tous les raisonnemens de leurs adversaires. Quelque petit que soit un atôme, disent-ils, la partie qui regarde l’Orient, n’est pas la même de celle qui tourne du côté de l’Occident. Ces deux parties peuvent donc être divisées, mais si ces parties sont divisées, elles pourront encore l’être toutes les deux, par la même raison. Ainsi on multipliera la chose jusqu’à l’infini : & tant qu’il y aura de la matière, il y aura deux côtés. Lorsqu’on en est parvenu là, l’esprit se révolte de nouveau : & l’on avoue, quand on veut agir de bonne