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intestines, qui ont déchiré si long-tems la plupart des royaumes de l’Europe. La puissance outrée, que les flatteurs ont voulu accorder aux rois, a souvent occasionné leur perte, & celle de leurs états.

Heureux le prince, mon cher Isaac, qui au milieu du faste & de la splendeur de sa cour, conserve un cœur incapable de fourbe & de perfidie ; qui rempli d’amour pour la bonne-foi, la protége & la prêche d’exemple à ses peuples ; il est l’amour des peuples qui vivent de son tems, l’admiration de ceux qui viennent après lui. Ceux qui sont chargés de l’éducation des princes, ne sçauroient assez leur inspirer la candeur & la sincérité : toutes les vertus découlent de celle-là.

Un fameux pontife nazaréen [1], qui forma l’enfance d’un grand prince [2], composa un livre pour l’instruction des rois [3], digne d’être mis dans une cassette d’or, telle que celle où Alexandre tenoit les ouvrages d’Homère.

Il traça des leçons a tous les souverains, & leur apprit l’art de régner sur les cœurs, & d’être par la vertu & par la justice plus absolus, que par toute la politique

  1. M. de Cambrai.
  2. M. de Bourgogne.
  3. Les aventures de Télémaque.