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lions tout à l’heure, il n’en est pas de même, tant s’en faut, de tous les modestes ouvriers qui apportent leur pierre à l’édifice scientifique. À ceux-là, — lorsque, dans leurs heures de répit, ils souhaiteront savoir où ils vont, se rendre compte du chemin déjà parcouru, s’expliquer le pourquoi du mouvement dans lequel ils sont entraînés, — l’histoire fournira peut-être les enseignements et les encouragements nécessaires.

Il convient cependant d’examiner d’un peu plus près quels devront être les préoccupations et les sujets d’étude de l’historien lorsqu’il se proposera de retracer l’évolution des sciences — et spécialement celle des mathématiques — dans le dessein que nous avons tenté de définir[1].


Sous le nom d’histoire des sciences on confond plusieurs groupes de recherches qui ont des caractères bien différents.

Ainsi l’on regarde comme des historiens les érudits qui interprètent les fragments des textes anciens susceptibles de nous renseigner sur les méthodes mathématiques des peuples orientaux ou des premiers géomètres grecs. Du point de vue auquel nous nous plaçons, cependant, les travaux de ces érudits sont en réalité préliminaires à la

  1. Dans une remarquable étude intitulée La méthode dans la philosophie des mathématiques (F. Alcan, 1911), M. Maximillien Winter préconise l’emploi d’une méthode, appelée par lui « méthode historico-critique », qui est analogue à celle que nous voudrions voir appliquer à l’histoire des sciences.