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la terreur en macédoine

Il reconnaît les formidables effets de la dynamite, et gronde, en proie à un de ces accès de rage dont il est coutumier :

« Ah ! chiens de chrétiens !… ils ont osé… s’attaquer à moi !…

« Cinq cents hommes broyés, Un bataillon anéanti. Oh ! je me vengerai… terriblement !

« Je verserai des torrents de sang !… je brûlerai deux cents villages et je massacrerai dix mille paysans ! »

Sa fureur s’exhale encore en menaces, quand un coup de sifflet déchire l’air, sur la droite, en pleines ténèbres. En même temps une flamme surgit, rapide, sur une ligne horizontale…

C’est un éclair qui flamboie et s’accompagne de détonations sèches, vibrantes, saccadées ! Des piaulements aigus déchirent l’air et Marko sent passer autour de lui comme un vent de mort.

Son oreille exercée reconnaît le claquement des mannlichers, les terribles fusils de petit calibre.

Autour de lui, ses Albanais s’abattent, fauchés par la grêle de balles. C’est un pêle-mêle affreux de corps palpitants au milieu desquels se tordent les blessés, où s’agitent les vivants saisis d’une panique folle.

Tous les coups ont porté dans cette masse compacte d’hommes serrés sur la voie. Il y en a déjà plus d’un cent par terre.

Un second coup de sifflet, puis un commandement proféré là, tout près, d’une voix énergique :

« Tirez bas ! »

Puis un second feu de salve !… cent vingt coups de fusil… Plus de cent hommes culbutés !… Le tiers de l’effectif du bataillon albanais hors de combat !