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la terreur en macédoine

Réjoui par ce carnage, amusé par ces clameurs furibondes qui montent de tous côtés, Michel montre le poing et gronde :

« Ah ! brigands !… c’est bon, la revanche. »

Il revient en courant devant les grottes et s’écrie, radieux, répondant aux questions qui l’assaillent :

« Tout va bien ! ils ont de quoi s’occuper jusqu’à ce soir, et cela nous donne quelques heures de répit.

— Bravo ! Michel, dit Joannès en lui serrant les mains, bravo et merci !

« À présent, mes amis, ouvrons l’œil et travaillons. »

Ce mot d’ordre semble également celui des Turcs.

Leur vigilance un moment endormie se réveille plus active que jamais. Des carabines sont braquées de tous côtés sur la redoute et de nouveaux essaims de travailleurs se ruent à la besogne.

Il en sort de partout. Imaginez encore la fourmilière dont les sujets robustes, intrépides et tenaces ne reculent devant rien et reprennent, plus ardents et plus nombreux, le labeur que vient d’interrompre un désastre.

Du reste, Marko a conscience de sa force et de la faiblesse des patriotes. Il comprend qu’ils n’ont plus de cartouches. Sans quoi des tireurs, même médiocres, ne laisseraient pas un seul Turc monter ainsi, à découvert, de pareils fardeaux.

Il devine aussi que leur provision de bombes est presque épuisée. Et il n’appréhende guère le peu qu’il leur en reste. Que peuvent-ils faire ? Casser quelques membres, estropier quelques hommes, retarder de quelques heures la ruée finale ?

Et après ?… Il dispose à présent de douze cents com-