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la terreur en macédoine

« Et maintenant, mes amis, à l’œuvre ! »

Sans plus tarder, ils rassemblent les derniers habitants de Salco et leur prêchent la révolte, la guerre sainte. N’ayant rien à perdre, ne possédant plus que les haillons sous lesquels ils grelottent, désespérés, les malheureux écoutent passionnément l’ardente parole qui les pousse à la résistance.

Leur ancienne et passive résignation se fond au feu de ces mots magiques d’indépendance, de liberté ! Ah ! s’ils avaient des armes, des chefs !

Patience !… Quelques jours… quelques semaines… et les armes afflueront… et les chefs s’improviseront, comme les soldats…

La vieille terre de Kossovo… Kossovo le sanglant ! frémira jusque dans ses entrailles… De l’antique humus fécondé par le sang des héros surgira une moisson de lances… de lances mêlées aux épis… et les jeunes hommes, fils lointains des héros, accourront en poussant le grand cri de délivrance !

… Oui, ce jour est proche où, dans la plaine, sur la montagne, dans les villes, dans les campagnes, on criera : « Aux armes !… aux armes !… pour la guerre sainte qui brise la chaîne des esclaves, arrête les souffrances des martyrs et donne à tous la liberté !…

De Salco, le petit groupe de patriotes rayonne dans les agglomérations voisines, et partout la parole enflammée de Joannès soulève un véritable enthousiasme. Nikéa, de sa voix passionnante, chante le terrible chant de Kossovo qui devient l’hymne des révoltés, la Marseillaise des patriotes de Macédoine.

Et de proche en proche la semence de liberté germe dans ces âmes désolées. Un rayon d’espoir luit au milieu des ténèbres séculaires qui submergeaient