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la terreur en macédoine

sacre donne lieu à des épisodes tellement invraisemblables, à des actes de férocité à ce point inouïs qu’on éprouve à les dire une insurmontable horreur.

Il faut pourtant avoir la volonté de les écrire… avoir aussi le courage de les lire !… Car l’atrocité de pareils forfaits, l’horreur de ces crimes de lèse-humanité peuvent seules produire cette pitié libératrice qui arrachera les nations européennes à leur égoïste quiétude.

Oh ! pitié !… pitié pour ces tristes victimes !… Pitié pour ces vieux déjà penchés sur la tombe !… pitié pour ces travailleurs… pour leurs vaillantes compagnes… pitié pour leurs enfants qu’on martyrise sous leurs yeux !

Il est de ces toutes frêles et toutes mignonnes créatures dont les bouches de rose sourient, dont les yeux d’azur ont des regards d’ange au moment où les brutes les arrachent de leur berceau.

Horreur ! les soldats les lancent en l’air et s’ingénient à les recevoir sur la pointe de leurs baïonnettes ! Et ces petits corps potelés, ces chairs de satin, ces fossettes qui sont pour la tendresse des mamans des nids à baisers, tout cela saigne, pantelle et se tord balafré de plaies effroyables telles qu’on en voit sur les champs de bataille, à la poitrine des soldats morts !

Les églises ont servi de refuge. L’une, dédiée à Saint-Démêtre, renferme une centaine, peut-être plus, de gens blottis devant l’autel. Un vieux prêtre essaye de les réconforter. La porte principale est enfoncée par un groupe de sopadjis auxquels sont mêlés des gendarmes.

Le prêtre s’avance vers eux et leur crie :