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Pour appaiser son courroux,
Le Rat que la crainte glace,
Se prosterne à ses genoux
Et d’un ton suppliant lui demande sa grace.
« L’intervalle est si grand, dit-il, de vous à moi,
» Qu’en me faisant périr vous auriez peu de gloire ;
» Et la clemence d’un Roi
» Eternise sa mémoire.
» Si vous avez la bonté
» De me conserver la vie,
» La prodiguer par-tout pour votre Majesté
» Sera ma plus forte envie. »
Le Lion généreux mettant la griffe bas,
Sensible à cette requête,
Fit grace à la pauvre bête,
Et ne s’en repentit pas.
En poursuivant une proye,
Trois ou quatre jours après,
Le Lion pris en des Rets,
Pour s’en débarrasser ne trouve aucune voie.
Par des efforts vigoureux
Il tâche à rompre sa chaîne ;