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Qu’à vos desirs, Seigneur, Arsinoé réponde,
N’êtes-vous pas le Roy le plus heureux du monde ?
Sans un besoin pressant, qu’à peine je conçoi,
Pourquoi chercher ailleurs ce que l’on a chez soi ?
Les differentes mœurs, le different langage
Ne sont pas des liens par où le cœur s’engage ;
Et sur celui des Rois c’est faire un attentat,
Que de l’assujettir aux maximes d’Etat.
Pour contenter le Peuple & le Roy de Phrygie,
Accordez-lui la Paix sans épouser Argie.
Vous auriez elle & vous des chagrins infinis :
Vos Etats seroient joints, & vos cœurs désunis.
Jamais félicité n’eût été plus parfaite,
Que le bonheur du Coq s’il eût eu sa Poulette :
Sans cesse de l’Hymen il se seroit loué,
Comme fera Crésus avec Arsinoé ;
Sa vertu vous répond d’un bonheur infaillible.

CRESUS.

Que tu me touches bien par où je suis sensible !
Pressé par tes raisons je vais mettre à ses pieds
Tout ce qu’a d’éclatant le Trône où je me sieds ;