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Il faut qu’il obéisse ou qu’il fasse retraite.
D’abord, il va percher sur le toît le plus haut
De la plus déserte Cabane,
Mais faute d’aliment il lui fallut bientôt
Epouser, en pestant, une Poule Faisanne ;
Ces Epoux dès le premier jour
Empêchés de leur contenance,
S’étant mariés sans amour,
Se traitérent sans complaisance.
Outre qu’ils négligeoient le soin
De se dire des yeux quelque chose de tendre,
Leur langage à tous deux était un baragouin
Que chacun ne pouvoit entendre.
Quand le Coq chantoit ou parloit,
Sa Faisanne eût juré que c’étoient des murmures :
Quand la Faisanne l’appelloit,
Il croyoit ouïr des injures.
En un mot leur destin ne fit point d’envieux.
Il faut que pour bien vivre ensemble
L’Amour ait soin d’unir ce que l’Hymen assemble :
Il est sûr qu’on s’entend bien mieux.