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LE COQ ET LA POULETTE.
FABLE.

Un jeune Coq des mieux huppés,
En rôdant par son voisinage,
D’une jeune Poulette, aussi belle que sage,
Eut les yeux & le cœur également frapés.
Le Coq étant fort beau, comme elle étoit fort belle,
Elle sentit pour lui ce qu’il sentoit pour elle :
Leurs cœurs des mêmes traits furent tous deux blessez ;
Et tous deux pénétrés de la même tendresse,
Du matin jusqu’au soir ils se voyoient sans cesse ;
Et ne se voyoient pas assez.
Pendant que l’un & l’autre à l’Amour s’abandonnent,
Et qu’ils jurent si tendrement
De s’aimer éternellement,
Leurs sévéres Parens autrement en ordonnent.
Le Pere du Coq le contraint
A quitter sa chère Poulette :
En vain de sa rigueur il gémit & se plaint,