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A trouvé le secret de s’attirer mes vœux :
En s’assujettissant à mon pouvoir suprême,
Elle m’a d’un coup d’œil assujetti moi-même.
Le Trône de Phrygie à mon Trône étant joint,
Sans doute ma puissance iroit au plus haut point ;
Pour balancer mon choix cette raison est forte :
Mais enfin sur mon cœur Arsinoé l’emporte ;
Et j’attens de vos soins une décision
En faveur de l’Amour ou de l’Ambition.
Parlez-moi librement, & qu’un pur zéle éclate.

TIRRENE.

Seigneur, cette matiere est un peu délicate.
Vous aimez. Il faudroit, pour vous faire ma cour,
Approuver votre choix & flater votre amour.
Une si vertueuse & si belle Princesse
D’un Monarque si grand mérite la tendresse :
Mais les raisons d’Etat qui par d’austeres loix
Sont toujours les raisons les plus fortes des Rois,
M’obligent à vous dire avec un cœur sincere,
Qu’à l’Hymen d’un grand Roy l’Amour n’assiste guère ;
Que ses plus dignes soins sont ceux de sa Grandeur ;
Et qu’il doit à sa gloire immoler son ardeur.