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Il ne fit pas semblant d’avoir rien découvert.
Sept heures sonnent ; huit ; & son appétit s’ouvre ;
Alors dans la Riviere il fait divers plongeons :
Et pour tout bien il ne découvre
Qu’une Ecrevisse & deux Goujons.
Pour un Oiseau si vain, une si mince proye,
Loin de le contenter redoubla son dédain.
Cependant le temps passe, & durant qu’il tournoye,
L’exercice augmente sa faim.
Qui le croiroit ? Le Héron difficile,
Qui méprisa tant de si beau Poisson,
Sur le Midi fatigué, las, débile,
Fut bien heureux d’avoir un Limaçon.


Du Héron dédaigneux la peinture naïve
Ne nous expose rien qui tous les jours n’arrive :
Des amants les mieux faits & les plus vertueux,
Une fille à seize ans souffre à peine les vœux :
Son orgueil en rebute autant qu’il s’en présente,
Et tout lui paroît bon quand elle en a quarante.
Sans faire des Amans un si long examen,
Il faut aller au but, & le but est l’Hymen.