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n’est imprimée avec des guillemets, que parce qu’on ne la jouë pas sur le Théâtre ; n’y étant pas tout-à-fait convenable. Il faut pourtant avouer que cette Scene est très-bonne en soi : & que le motif sur lequel Esope presse son Athée de croire, s’il n’est pas bien convainquant, est du moins très-raisonnable. Il ne s’agissoit pas ici de convaincre un Philosophe sur l’existence des Dieux ; mais de combattre dans un Courtisan un défaut commun à la Cour, de n’y pas croire grand’chose : Or il est constant que la plûpart des gens de ce caractere ne doutent pas avec fondement, mais seulement par libertinage, & parce qu’ils veulent douter, & qu’ils n’envisagent la mort que comme fort éloignée. L’experience fait assez voir que rien au monde n’est plus foible dans le péril & à la vûë d’une mort prochaine, que la plûpart de ces Esprits forts : C’en est assez pour autoriser Esope à leur faire des reproches, de ce qu’ils ne veulent pas croire dans leur vie ces mêmes Dieux qu’ils invoquent à la mort.