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Font autant de captifs que de cœurs qu’ils rencontrent.
Vers une autre beauté j’avois pris mon essor,
Mais je change.

Mons. DE L’ORME.

Mais je change.Pour moi, mon cœur est libre encor :
Mais à voir tant d’appas pour peu qu’il persévére,
J’appréhende bien fort qu’il ne le soit plus guére.

NANNETTE.

Quel plaisir de ranger sous l’amoureux lien
De ces cœurs Isolés qui ne tiennent à rien !
Que ne puis-je causer votre premiére allarme !

Mad. JOSSE.

Isolés ! Ah, Messieurs, le joli mot ! Il charme.
Qui jamais avant elle, à l’âge où la voilà,
Avec tant de justesse a placé ce mot-là ?
Isolés !

Mons. DU RUS.

Isolés ! Franchement, Isolés me prend l’ame.

Mons. DE L’ORME.

Isolés me ravit, me pénètre, m’enflamme.

Mons. DU RUS.

Ce qui m’en plaît le plus, c’est qu’elle s’en sert bien.
De ces cœurs Isolés qui ne tiennent à rien !