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vont si loin, qu’il semble qu’on se fasse un mérite de joindre l’effronterie au luxe par les noms odieux dont les femmes salissent leurs ajustemens. Les vers que je mets dans la bouche du seul Personnage raisonnable que j’y introduis, font assez connoître l’intention que j’ai euë ; & qu’en faisant rire, je cherche plus à corriger les mœurs qu’à les corrompre. Tout ce qu’on a prêché & tout ce qu’on a écrit contre le luxe des coëffures, effarouche & ne corrige point : la morale austére se fait moins aimer, qu’elle ne se fait craindre ; & qui veut qu’on profite de ses leçons, doit donner envie de les entendre. En un mot, il faut prendre l’ame par son foible, & tâcher de la conduire à la vertu par un chemin qui ne la rebute pas. Rien ne fait mieux revenir les gens du ridicule qu’ils ont, que de leur en faire dans autrui une peinture qui les divertisse : le plaisir qu’ils trouvent à s’en moquer, leur fait appréhender de donner le même plaisir à d’autres ; & c’est un joug qui les arrête d’autant mieux, qu’il ne leur est imposé par personne. Je me flatte qu’il en sera ainsi des Mots à la Mode : ce qu’on sent de joie à voir jouer publiquement ceux qui les affectent deviendra un frein pour s’abstenir désormais de les redire ; & pour peu que le Sexe ait