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ment placés : mais je sçai bien que je ne puis faire plus de honte aux François qui corrompent la pureté de leur langue naturelle par des expressions non-seulement forcées, mais odieuses, qu’en la leur faisant voir parfaitement épurée dans la bouche d’un homme à qui elle est étrangére. Un Ancien disoit, que sçavoir dans sa perfection la langue de son pays n’étoit pas un grand sujet de louange, mais que l’ignorer étoit un grand sujet de blâme : S’il ne vous eût point donné d’éloge de ce que dans les momens de votre loisir vous faites des Vers où brillent toutes les graces de la langue Italienne, il n’eût pû s’empêcher de vous en donner beaucoup de la facilité que vous auriez à en faire en toutes sortes de langues, si le ciel qui vous a fait naître pour les grandes choses ne vous faisoit préférer celles qui sont utiles à celles qui ne sont qu’agréables. Il est vrai, MONSIEUR, que c’est aux Ambassades glorieuses, aux Négociations importantes, en un mot, au bien de votre Sérénissime République, qu’un homme de votre mérite se doit tout entier : avec d’aussi heureuses dispositions que celles que vous avez, il n’y a point d’obstacles que votre courage ne surmonte, point de difficultés que vos lumiéres n’applanissent ; point de rang où la No-